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Moi et la stratégie TtT

Vivre avec une polyarthrite rhumatoïde (PR) ou une arthrite juvénile (AJI) implique de vivre au quotidien avec des traitements. Il vous arrive de saturer et d’avoir envie de tout abandonner ? Plutôt que de tout jeter à la poubelle sur un coup de tête, pourquoi ne pas reprendre les fondamentaux ? Le meilleur allié dans votre maladie est vous-même. Ne baissez pas les bras, et impliquez-vous ! Prenez le taureau par les cornes et apprenez à mieux connaître votre maladie pour mieux la maîtriser. Plus facile à dire qu’à faire ? Pas tout à fait : le programme « Treat to Target (TtT)[1,2] » est là pour vous aider.

treat-to-targetLa stratégie TtT : des objectifs précis pour cibler la faible activité

Le programme Treat to Target (TtT) existe pour une raison bien précise : vous aider à mieux gérer votre PR. Bien souvent, l’enjeu de votre traitement contre la polyarthrite rhumatoïde est de réduire les symptômes de la maladie, notamment les gonflements et la douleur.

Mais ne serait-il pas plus efficace de se fixer pour objectif la rémission thérapeutique ou la faible activité ? C’est précisément ce que cherche à mettre en place la stratégie TtT.
Vous pensez qu’il s’agit là d’un lapin sorti directement du chapeau d’un magicien ? Reléguez votre scepticisme au placard : avoir pour objectif la rémission thérapeutique (ou la faible activité) est accessible grâce aux différents traitements disponibles.
La stratégie TtT est déjà appliquée sur les patients diabétiques, afin de réduire la concentration de glucose dans leur sang [3]. Pourquoi ne fonctionnerait-elle pas sur votre PR ou votre AJI ? Il ne vous reste plus qu’à vous lancer !
Comment fonctionne la stratégie TtT ? Treat to Target se met en place autour d’un objectif : la rémission thérapeutique ou la faible activité de la maladie. Cela signifie que votre médecin et votre équipe soignante prendront en charge votre PR ou votre AJI pour atteindre la faible activité. L’ensemble de la prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde s’organisera afin d’obtenir le meilleur résultat possible. Et vous serez le principal pilier de ce succès, notamment grâce à la surveillance régulière, qui permettra d’ajuster au mieux votre traitement et de préserver votre qualité de vie.

Mesurer l’activité de sa maladie pour mieux vivre au quotidien

Surveiller sa polyarthrite rhumatoïde comme du lait sur le feu n’a rien de bien folichon. Néanmoins, cette surveillance peut éviter l’aggravation des lésions articulaires. L’enjeu est de taille ! Mais comment bien mesurer l’activité de sa PR ? L’un des outils préconisés est le « score composite de l’activité de la maladie » : le DAS28 [4]. Plus votre prise en charge est efficace, plus votre score est faible. Mieux : en comparant les scores tout au long de votre traitement, vous et votre équipe soignante serez en mesure de savoir, si le traitement contre votre PR est efficace.
Mais que recouvre le nom barbare du DAS28 ? Ni plus ni moins que l’addition de trois éléments :

• L’évaluation de vos articulations : l’élément n°1.
Votre médecin examine 28 de vos articulations, notamment les coudes, genoux et mains. Suite à cet examen, il détermine le nombre d’articulations douloureuses lors d’une pression légère et le nombre d’articulations gonflées.

• L’évaluation de la douleur : l’élément n°2.
C’est à votre tour de jouer ! Sur une réglette graduée de 0 à 10 (l’échelle EVA), vous évaluez la douleur ressentie. 0 étant l’absence totale de douleur de votre PR et 10 une douleur très élevée. Il peut être difficile de mettre un chiffre sur votre douleur. Trouvez des repères : vous avez probablement connu des périodes de poussées très douloureuses et des périodes plus calmes. Ces marqueurs vous permettront de relativiser et de trouver la note correspondant le mieux à votre situation actuelle.

• L’examen sanguin : l’élément n°3.
Le degré d’inflammation (et donc, par ricochet, le degré d’activité de votre PR) peut se mesurer par la vitesse de sédimentation des globules rouges (VS) ou par le taux de protéine C réactive (CRP). Vous ne comprenez rien à ce jargon ? Pas de panique ! Voici de quoi éclairer votre lanterne : la VS est la vitesse à laquelle vont vos globules rouges quand ils se déposent au fond du tube à essai. Plus cette vitesse est élevée, plus l’inflammation est forte. La CRP, quant à elle, est l’un des marqueurs de l’inflammation : dès que l’inflammation pointe le bout de son nez, la protéine C réactive est forcément présente dans votre corps. Son évolution détermine le niveau de l’inflammation.
A chacun de ces trois éléments correspond un score. Votre médecin entre ces trois valeurs dans une formule un peu compliquée mais qui donne, en définitive, votre DAS28.

Les principes fondamentaux de la stratégie TtT

Le programme Treat to Target repose sur 4 principes fondamentaux :

A. Votre implication dans votre traitement contre la PR
Vous vivez quotidiennement avec votre PR ou votre AJI : vous êtes la seule personne réellement concernée par votre traitement : ce n’est pas votre équipe soignante qui sera réveillée la nuit par votre maladie. Vous êtes le pilier de votre traitement. Tenez-vous informé(e) des objectifs à atteindre en terme d’activité de la maladie, demandez des informations sur les différents traitements envisageables pour atteindre cet objectif. Vous faites partie intégrante de la stratégie thérapeutique pour atteindre la faible activité : faites-la vôtre.

B. Le maintien de votre qualité de vie en contrôlant les symptômes de la PR
Vous n’avez probablement pas envie de jouer aux ermites à longueur d’année. Le traitement contre votre PR doit améliorer votre qualité de vie, sur le long terme, en contrôlant les symptômes comme la douleur, l’inflammation, la fatigue ou les raideurs articulaires. Le rôle de votre traitement ? Vous aider à retrouver une activité physique, culturelle et sociale ! L’excuse de votre PR pour éviter les déjeuners chez votre belle-mère ou évincer votre collègue pot-de-colle ne sera peut-être pas entièrement éradiquée, mais le but est de la rendre nettement moins crédible.

C. La réduction de l’inflammation pour atteindre la faible activité
L’inflammation est le point central de votre PR. Elle est la principale cause des lésions articulaires et de la dégradation de votre qualité de vie. Votre traitement doit donc se poursuivre jusqu’à la suppression de l’inflammation, afin de préserver votre bien-être. L’objectif ultime de votre traitement ? Dépasser le stade du contrôle des symptômes de votre PR ou de votre AJI pour maintenir l’inflammation hors d’état de nuire.

D. L’ajustement du traitement contre votre PR en fonction de son évolution
Vous avez défini un objectif thérapeutique avec votre équipe soignante, qui a mis en place un traitement. Mais il n’est pas l’heure de se reposer sur vos lauriers ! Il est essentiel de surveiller de près votre PR et son activité afin que votre médecin ajuste au mieux votre traitement si les symptômes s’aggravent.

Les points clefs de la stratégie TtT

10 points clefs jalonnent le programme Treat to Target pour mieux vous y repérer [1,2] :

1. Votre objectif : la rémission de votre PR
Il est inutile de chercher midi à 14 heures ! L’objectif de votre traitement contre la PR doit être la rémission thérapeutique. Il n’y a pas d’autre alternative pour ralentir la progression de votre polyarthrite rhumatoïde. Que votre PR soit débutante ou active depuis plusieurs années, vous et votre équipe soignante devez viser la rémission thérapeutique.

2. Atteindre la rémission thérapeutique en contrôlant l’inflammation
Qu’est-ce que la rémission thérapeutique dont on vous rebat les oreilles ? Il s’agit de l’absence de symptômes significatifs causés par votre polyarthrite rhumatoïde ou votre AJI [5]. Mais votre traitement ne doit pas se limiter au contrôle des symptômes : il doit maîtriser et réduire l’inflammation. Pourquoi ? Parce que si la douleur est soulagée mais que l’inflammation poursuit son travail, cela peut provoquer des lésions articulaires [6].
Verdict ? C’est en visant la rémission thérapeutique et en supprimant durablement l’inflammation que votre traitement parviendra à préserver vos articulations et votre futur bien-être.

3. Cibler la faible activité si la rémission n’est pas accessible
La stratégie TtT n’est pas un miroir aux alouettes ! L’objectif de ce programme n’est pas de promettre des étoiles inaccessibles. La rémission thérapeutique n’est pas toujours envisageable, notamment si votre polyarthrite rhumatoïde a commencé il y a longtemps. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras ! Bien au contraire. Votre objectif à atteindre sera alors la faible activité. Et c’est ainsi que vous parviendrez à mieux contrôler durablement votre PR. Tant que ce niveau d’activité n’est pas atteint, discutez avec votre équipe soignante pour ajuster au mieux votre traitement.

4. Le traitement doit être adapté au moins tous les trois mois
Votre équipe soignante déterminera la stratégie thérapeutique à adopter en fonction des évaluations de l’activité de votre PR ou de votre AJI. Vous souvenez-vous des 3 éléments à retenir ? Examen des articulations, auto-évaluation de la douleur et examens sanguins serviront de base pour déterminer comment ajuster votre traitement pour atteindre votre objectif d’activité.
Tant que l’objectif n’est pas atteint, qu’il s’agisse de la rémission thérapeutique ou de la faible activité, votre traitement doit être adapté au moins tous les 3 mois [4] (période qui permet d’évaluer l’efficacité d’un traitement).

5. Des évaluations régulières pour mieuc gérer votre PR
Pour éviter les mauvaises surprises, l’activité de votre PR doit être suivie et évaluée régulièrement : tous les mois si votre PR est très active ; tous les 3 à 6 mois si son activité est faible ou en rémission thérapeutique [4] .
Pourquoi se préoccuper autant de votre PR ? Parce que, comme le lait qui déborde de la casserole, votre polyarthrite rhumatoïde peut continuer de progresser, même de façon imperceptible. Noter les différents scores d’activité, tout au long de votre traitement, vous permettra de mieux comprendre les progrès réalisés, de ne pas vous démotiver, de mieux visualiser le chemin à parcourir jusqu’à votre objectif… et votre médecin ajustera votre traitement si besoin.

6. Utiliser les mesures d’activité pour ajuster votre traitement
Il est temps de vérifier si votre mémoire n’est pas digne d’un morceau d’Emmental ! Les 3 examens nécessaires pour mieux prendre en charge votre PR sont : les examens sanguins pour suivre l’inflammation, votre ressenti de la douleur et l’évaluation de vos articulations. Les scores d’activité de votre polyarthrite rhumatoïde, comme le fameux DAS28, sont importants pour guider votre médecin dans l’adaptation de votre traitement et éviter les déraillements !

7. Surveiller les articulations et limiter l’impact de votre PR sur votre quotidien
Vous le savez depuis longtemps : votre polyarthrite rhumatoïde affecte vos articulations et contrarie votre quotidien. L’enjeu de votre traitement est donc de préserver votre qualité de vie. Pour cela, il doit prendre en compte les détériorations articulaires et les limitations physiques auxquelles vous êtes confronté(e). Ne pas être en mesure de ramasser un ballon au sol n’est pas irrémédiable : si vous rencontrez des difficultés au quotidien, parlez-en à votre médecin. Enfin, pour limiter les détériorations articulaires et en surveiller l’évolution, des radiographies annuelles sont essentielles !
Pourquoi des radios ? Pour la simple raison que c’est un moyen efficace pour détecter et évaluer les lésions de l’os et du cartilage : votre médecin pourra ainsi surveiller l’évolution des détériorations articulaires tout au long de votre traitement.
C’est bien gentil de vouloir limiter l’impact de la polyarthrite rhumatoïde sur votre quotidien, mais comment mesurer cet impact ? Le plus souvent, cette mesure prendra la forme d’un questionnaire sur votre fonction articulaire : le HAQ (Health Assessment Questionnaire). C’est une série d’une vingtaine de questions recouvrant différentes activités quotidiennes et pour lesquelles vous attribuerez un niveau de faisabilité, allant de « sans aucune difficulté » à « incapable de le faire ». Une note est attribuée selon vos réponses et évalue concrètement l’impact de votre PR ou de votre AJI sur votre quotidien.

8. Maintenir votre bon résultat mais surtout votre qualité de vie
Votre objectif thérapeutique a été atteint ? Célébrez cet excellent résultat mais ne vous endormez pas sur vos lauriers ! Votre polyarthrite rhumatoïde n’a pas, pour autant, été évincée : si elle venait à progresser de nouveau, vos activités quotidiennes en seraient affectées. Vous connaissez déjà la conclusion : malgré ces bons résultats, n’oubliez pas votre traitement sur le long terme. Il est le seul à pouvoir résorber l’inflammation, éviter les lésions articulaires et préserver votre qualité de vie. Cela vaut le coup de poursuivre !

9. Déterminer le bon objectif
La stratégie thérapeutique à mettre en place est avant tout un travail d’équipe ! Elle n’est pas gravée dans la pierre et peut être adaptée en fonction de vos attentes et besoins du moment. L’objectif à atteindre peut être ajusté par l’équipe soignante en fonction de votre situation personnelle et de votre parcours : effets indésirables rencontrés, comorbidités (nom peu flatteur qui recouvre un phénomène banal : les maladies venant se greffer à votre PR, comme le diabète ou l’hypertension), événements personnels qui modifient votre quotidien… Les aléas sont nombreux et doivent être pris en compte pour définir l’objectif le plus adapté.

10. Être informé sur votre stratégie de prise en charge
Sans pour autant faire de votre médecin votre meilleur ami (vous avez probablement des personnes nettement plus appropriées en magasin pour remplir ce rôle), établissez une relation de confiance avec lui. Participer activement à la prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde implique que votre médecin doit vous tenir informé(e) de votre objectif thérapeutique, de la stratégie qu’il compte mettre en place pour l’atteindre et des résultats obtenus. Savoir où vous en êtes vous permettra de mieux évaluer le chemin parcouru !

FAQ

Je n’ai pas bien compris ce qu’est le HAQ et à quoi il sert ?
Il est important, pour bien adapter votre traitement, de savoir à quel point votre PR affecte votre quotidien. Mais comment parvenir à mesurer un élément aussi impalpable ? C’est précisément là qu’entre en jeu le questionnaire HAQ (Health Assessment Questionnaire) : il mesure l’impact de votre PR sur vos activités de tous les jours.
Comment y parvient-il ? Rien de plus simple : il s’agit d’une autoévaluation de vos capacités dont le résultat sera néanmoins le plus objectif possible. Le questionnaire HAQ comporte 20 questions concernant l’ensemble des activités de la vie courante : habillement, soins corporels, se lever le matin, les repas, la marche ou le sport, l’hygiène etc. Pour chaque point, vous disposez de 4 niveaux de faisabilité : sans aucune difficulté /avec quelque difficulté /avec beaucoup de difficulté /incapable de le faire. A partir de vos réponses, un score est attribué : il indique à quel point votre PR affecte votre quotidien.
Comme tous les indicateurs de votre maladie, il peut être intéressant de conserver les résultats du test HAQ : cela vous permet de visualiser l’évolution de votre polyarthrite rhumatoïde et de faire le point au fur et à mesure.

Je ne vois mon rhumatologue que tous les six mois. Il y a-t-il un moyen de suivre l’évolution de ma PR, de manière plus régulière ?
Vous êtes le copilote de votre équipe soignante ! Vous participez à l’évaluation de l’efficacité de votre traitement et de l’évolution de votre PR. C’est pourquoi un système d’auto-surveillance existe. Car votre médecin ne rentre malheureusement pas dans votre poche pour vous suivre partout. Loin de l’idée de vous substituer à votre médecin, l’auto-surveillance est là pour vous aider à dialoguer, à vous investir, à instaurer un suivi personnalisé.
Le principe de base de l’auto-surveillance ? La communication ! Votre médecin vous expliquera quelles sont les attentes face au traitement, comment atteindre l’objectif fixé ensemble. Demandez-lui de vous montrer comment surveiller vos articulations et de vous aider à comprendre les différents résultats et scores de votre PR.
Mais que serait la communication sans données tangibles sur lesquelles se baser ? C’est pourquoi l’auto-surveillance s’appuie sur des questionnaires, ou encore un carnet de suivi. Le site Sanoia [http://www.sanoia.com] ou le site Carenity [http://www.carenity.com/] mettent à votre disposition un espace en ligne dans lequel vous pourrez retrouver des questionnaires, l’ensemble de vos résultats, de vos scores d’activité. Il s’agit un peu de votre kit d’auto-surveillance, alliant tests et suivi. Au quotidien, cela vous permet de mieux maîtriser votre PR, d’en surveiller l’évolution, de tirer la sonnette d’alarme si besoin et d’en parler avec votre médecin.
Comment fonctionnent ces questionnaires ? Elémentaire : ils partent du principe que vous connaissez votre corps et les impacts de la PR. Il s’agit donc de questionnaires d’auto-évaluation (dont le RAPID3). Ils permettront, à travers une série de questions, d’évaluer l’activité de votre PR. Si vous en concluez que vous subissez une poussée, votre médecin pourra alors pratiquer des examens complémentaires et éventuellement adapter votre traitement.

J’ai bien conscience que la guérison totale n’existe pas, mais qu’en est-il de la rémission ? Est-ce vraiment jouable ?
Si vous avez déjà ancré dans un petit coin de votre tête que votre PR fait partie de vous, pour toujours, vous avez déjà fait un grand pas. Mais, sans se bercer d’illusions, il n’en reste pas moins possible d’atteindre la rémission thérapeutique ou la faible activité, selon votre situation. Et c’est là tout l’enjeu de la stratégie Treat to Target !
La rémission ne s’obtient pas d’un claquement de doigt : elle se travaille en équipe. Il est temps d’instaurer, si ce n’est déjà le cas, un suivi personnalisé régulier et efficace : auto-surveillance, contrôle des articulations sont autant de gestes à adopter pour prendre le chemin de la rémission thérapeutique. Car ce contrôle pointilleux permettra d’ajuster votre traitement pour atteindre le meilleur résultat possible.
Tant que cet objectif n’est pas atteint, n’hésitez pas à demander un ajustement de votre traitement. Ce n’est qu’en traitant votre polyarthrite rhumatoïde pour obtenir une rémission ou une faible activité que vous parviendrez à maîtriser durablement l’inflammation, à éviter les destructions articulaires sur le long terme.

D’où vient la stratégie Treat to Target que vous évoquez ? Y a-t-il un fondement scientifique ?
Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, la stratégie Treat to Target (TtT) n’a pas été tirée d’un chapeau ou développée entre deux projets urgents. Le programme TtT est le résultat de réflexions, tant du côté du patient que de celui des médecins. Tous se sont alliés pour faire en sorte que les recommandations qui découlent de ces études soient compréhensibles pour le commun des mortels.
Concrètement, Treat to Target prend en compte le besoin des patients et l’urgence médicale : besoin d’un suivi personnalisé, nécessité de comprendre l’enjeu de la prise en charge, détermination de périodes pour un contrôle de l’évolution de la polyarthrite rhumatoïde (1 à 3 mois pour des PR actives ; 3 à 6 mois pour des PR à plus faible activité).
Patient et médecin doivent travailler en équipe et s’impliquer à part égale pour contrer efficacement l’évolution de la PR. Le traitement obtient de meilleurs résultats si le patient s’investit. Mais comment s’impliquer si l’on est dans le flou le plus total ? C’est pourquoi il est important, pour vous, d’obtenir des informations sur les différents traitements, les stratégies à envisager et pourquoi telle façon de parvenir à l’objectif fixé (rémission ou faible activité) est plus intéressante qu’une autre dans votre cas. Ou pourquoi un contrôle accru de votre PR est nécessaire pour votre bien-être.

J’ai l’impression que l’activité de ma maladie a baissé, puis-je ajuster mon traitement moi-même ?
Surtout pas ! Si l’activité de votre PR ou de votre AJI a baissé et si vous vous sentez en pleine forme, c’est la preuve que votre traitement fonctionne. Dans un premier temps, le rôle de votre traitement contre la polyarthrite rhumatoïde est de contrôler les symptômes, comme la douleur. Mais son objectif ultime est de réduire l’inflammation qui est la cause principale des lésions articulaires. En pratique, si vous cessez votre traitement parce que vous ne ressentez plus de douleur, rien n’empêchera l’inflammation de reprendre et de poursuivre son évolution. Le barrage aura disparu.
La solution face à une baisse d’activité de votre PR serait plutôt de célébrer ce résultat en allant au cinéma ou au restaurant, et de poursuivre votre traitement sans lequel votre quotidien serait nettement moins facile. Bien sûr, vous en parlerez à votre médecin lors de la prochaine consultation.

J’ai l’impression que l’activité de ma PR reprend : que faire ?
La première chose à faire est de tirer la sonnette d’alarme auprès de votre médecin. Et, en attendant votre rendez-vous, notez les symptômes que vous avez constatés et qui vous donnent l’impression que l'activité de votre polyarthrite rhumatoïde a repris. Les circonstances et le contexte sont également importants : avez-vous fait plus de sport que d’habitude ? Etes-vous sorti(e) la veille au soir ? Si vous avez un peu forcé la dose et abusé de vos forces, profitez de ce rappel de votre corps pour vous ménager : reposez-vous, essayez de vous détendre.
Enfin, et non des moindres, souvenez-vous que vous n’êtes pas médecin : inutile de jouer aux apprentis sorciers en aménagement votre traitement. Continuez de le prendre tel qu’il vous a été prescrit par votre médecin. Lui seul est en mesure d’en évaluer l’impact sur votre PR, de voir s’il faut l’ajuster.

Est-ce que les résultats seront visibles tout de suite ?
Le traitement n’agit pas comme une poudre de perlimpinpin. Il faut du temps pour que le traitement ait un réel impact sur l’évolution de votre PR ou votre AJI. Si vous entamez votre premier traitement contre la polyarthrite rhumatoïde ou si vous changez de traitement, il faudra plusieurs mois avant d’en percevoir les effets.
Pourquoi ? Parce que votre traitement agit comme un skieur de fond : son objectif est de freiner l’évolution de votre PR, d’endiguer l’inflammation, de prévenir les lésions articulaires. Et cela prend du temps. Ne perdez pas courage !

Comment puis-je parler à mon médecin de TtT ?
Aucun sujet ne doit être tabou avec votre médecin : il est la personne la plus à même de répondre à toutes vos interrogations. La méthode Treat to Target est légitime et votre médecin ne vous rira pas au nez si vous abordez ce sujet. Néanmoins, si vous êtes angoissé(e) à l’idée de présenter une nouvelle façon de gérer votre PR, pourquoi ne pas préparer votre prochaine consultation ? Vous pourrez alors évoquer votre envie de vous impliquer dans la prise en charge de votre PR, de mieux comprendre l’enjeu de votre traitement, de ne plus subir votre polyarthrite rhumatoïde mais bien de la prendre par les cornes ! Pour vous aider, vous pouvez également apporter avec vous le guide de conversation fourni avec ce programme.

Comment sensibiliser mon médecin à l’impact de ma PR dans ma vie quotidienne ?
En tant que médecin, il (ou elle) a déjà pleinement conscience de la difficulté de vivre avec une PR. Néanmoins, en connaître le réel impact sur votre quotidien et la façon dont cela vous affecte n’est pas toujours évident ! Vous êtes la seule personne capable de vraiment savoir ce que cela implique… mais, heureusement, vous disposez de nombreux outils pour partager votre expérience, de manière objective. Dire que vous ne parvenez pas à réaliser certains gestes a un tout autre impact que de dire que vous n’arrivez plus à boutonner votre chemise alors que vous en étiez capable quelques mois auparavant. Pour cela, le questionnaire HAQ sera votre meilleur allié : il vous permettra de donner une idée précise de l’impact de votre PR au quotidien, sur un large éventail d’activités.
L’important est de créer un dialogue avec votre médecin. Vous pouvez également y parvenir avec des brochures ou un guide de conversation. Tâchez d’être précis dans votre description, donnez des exemples : cela aidera votre médecin à mieux comprendre votre situation.

Qu’est ce qu’un effet indésirable ?
Tout médicament est un produit actif et peut donc avoir des effets indésirables, selon les personnes et leur tolérance à certains composants du médicament. Vous êtes probablement familier(e) de la chose : dans chaque boîte de médicament se trouve une notice d’utilisation très utile, car elle liste l’ensemble des effets indésirables répertoriés dans le cadre de l’utilisation du médicament. S’il n’est pas nécessaire d’apprendre cette liste par cœur, la consulter au moindre doute (ou contacter votre médecin pour en avoir le cœur net) peut éviter des complications.
Si vous constatez un effet indésirable, pourquoi ne pas contribuer à l’amélioration de l’usage du médicament en question ? Pour cela rien de plus simple : il vous suffit de faire une déclaration d’effet indésirable, en ligne ou d’en parler à votre médecin ou votre pharmacien. Le site de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) vous explique le mode d’emploi :
http://ansm.sante.fr/Declarer-un-effet-indesirable/Comment-declarer-un-effet-indesirable/Declarer-un-effet-indesirable-mode-d-emploi/(offset)/0

Pour en savoir plus :

[1] J. S. Smolen et al. Treating rheumatoid arthritis to target: recommendations of an international task force. Ann Rheum Dis. 2010 ; 69 : 631-637.

[2] De Wit et al. Treating rheumatoid arthritis to target: the patient version of the international recommendations. Ann Rheum Dis. 2011 ; 70 : 891-895.

[3] Haute Autorité de Santé (HAS) : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-02/10irp04_synth_diabete_type_2_objectif_glycemique_messages_cles.pdf [Accès le 15 avril 2015]

[4] HAS (Haute Autorité de Santé) Guide ALD Polyarthrite rhumatoïde évolutive grave
Avril 2008

[5] E. Pertuiset. Traitement de la polyarthrite rhumatoïde : objectifs rémission. Le Rhumatologue. 2010 ; 74 : 29-32

[6] Société francaise de rhumatologie (SFR) http://sfr.larhumatologie.fr/ - Dossier Polyarthrite rhumatoïde - Peut-on empêcher une polyarthrite rhumatoïde d’évoluer ? [Accès le 15 avril 2015]