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1. On m’a proposé une éducation
thérapeutique : qu’est-ce donc ?
2. Puis-je décider moi-même quel traitement suivre en cas de douleur ?
3. Les cures thermales pourraient-elles avoir un effet bénéfique sur ma PR ?
4. J’ai lu que les corticoïdes favorisent la prise de poids, comment y remédier ? Dois-je les arrêter ?
5. Qu’en est-il de mes défenses immunitaires déjà patraques si je suis sous traitement ?

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MOI ET LES TRAITEMENTS

Chaque polyarthrite rhumatoïde (PR) ou arthrite juvénile idiopathique (AJI) est un cas particulier ; il existe un large éventail de traitements possibles, parmi lesquels votre équipe soignante choisira les traitements les mieux adaptés à vos symptômes pour les contrôler. En complément de ces traitements médicamenteux, un kinésithérapeute ou un ergothérapeute seront d’excellents alliés pour vous apprendre les bons gestes afin de ménager vos articulations et les rééduquer.

Ma PR et la douleur : des traitements pour la soulager

Pointant le bout de son museau à votre réveil, lorsque vos membres sont engourdis, la douleur est présente en permanence et pousse le vice jusqu’à vous réveiller la nuit ! Il est alors important, pour que votre médecin puisse adapter votre traitement et soulager la douleur, que vous soyez capable de la décrire et de lui donner un niveau d’intensité. Il vous prescrira alors un traitement uniquement destiné à soulager la douleur, venant compléter votre traitement de fond (de lutte contre la PR ou l’AJI).

Les antalgiques pour limiter la douleur

Il existe trois types différents d’antalgiques[1], qui ciblent le circuit de la douleur et la diminuent ou l’empêchent de se propager. Dans un premier temps, vous avez les antalgiques périphériques : ils constituent la base de la trousse à pharmacie que chaque foyer possède, ne serait-ce que pour lutter contre les douleurs légères.

Viennent ensuite les antalgiques centraux faibles : ils traiteront les douleurs d’intensité moyenne à intense. Ces médicaments peuvent entraîner un risque d'endormissement au volant.
Enfin, il existe des antalgiques centraux puissants ; ils sont cependant très rarement utilisés dans la PR.
Votre médecin déterminera avec vous la meilleure façon de prendre vos antalgiques : en prise systématique (par exemple matin, midi et soir même en l'absence de douleur) ou en prise "à la carte" (seulement en cas de douleur)[1]. Là encore, il faut être vigilant à cause du risque d’endormissement notamment au volant.

Plus d’informations sur les traitements de la douleur sur le site de l’ANDAR : http://www.polyarthrite-andar.org

Les AINS et les corticoïdes

Agissant directement sur les articulations, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) diminuent la douleur et combattent l’inflammation articulaire. Il existe plusieurs familles d’AINS efficace dans la PR ou l’AJI. Ils s’attaquent à une enzyme responsable de l’inflammation pour en contrer les effets. Les AINS ne sont pas anodins et, en inhibant certaines substances de votre organisme pour réduire l’inflammation, ils en suppriment également les actions bénéfiques, notamment sur l’estomac [2].
Une bonne habitude à adopter est de ne jamais prendre votre AINS à jeun et toujours avec un verre d’eau au cours d’un repas.
Les anti-inflammatoires stéroïdiens (corticoïdes) ont exactement la même vocation : agir à un stade précoce de l’inflammation pour la réduire. Ils se basent sur une substance déjà présente dans l’organisme, la cortisone, pour lutter contre l’inflammation et la douleur. Les corticoïdes se présentent sous forme de comprimés et prennent généralement le relais des AINS quand ceux-ci ne suffisent plus. Ils ne sont proposés qu’à des doses adaptées et pour une durée la plus courte possible.
Les effets secondaires des corticoïdes peuvent être palliés avec l’aide de votre médecin : des doses de calcium supplémentaires ; un régime alimentaire équilibré pour limiter la prise de poids ; moins de sel pour éviter l’hypertension…
Ne jouez pas à l’apprenti-sorcier en associant deux anti-inflammatoires : leur action n’en sera pas plus probante et les effets secondaires, eux, se feront doublement sentir.

Les traitements de fond : le contrôle de la PR

Les traitements de fond de la polyarthrite et de l’arthrite juvénile idiopathique permettent de ralentir, voire de bloquer, l’évolution de la maladie… et donc de préserver vos articulations. Vous savez depuis de longues années que le père Noël n’existe pas : la plupart du temps, les traitements de fond de la PR et de l’AJI ne guériront pas votre maladie. Ils vous aideront cependant à la supporter au quotidien et à conserver l’usage de vos articulations ; ce qui est déjà une jolie prouesse !
Parmi les traitements de fond dits conventionnels, vous trouverez les immunosuppresseurs classiques qui sont considérés comme le traitement de fond de référence de la polyarthrite rhumatoïde.
Mais la grande révolution de ces dix dernières années réside dans les traitements dits biologiques (car issus des biotechnologies), dont les anti-TNFα. Les anti-TNFα ont une efficacité prouvée sur l’évolution de la maladie qu’ils peuvent mettre en rémission. Comment agissent ces traitements ? Les anti-TNFα, par exemple, bloquent une des substances responsables (le TNF) de l’inflammation, de la dégradation du cartilage et de l’érosion osseuse, en une action très ciblée. Les anti-TNFα s’associent souvent avec un traitement de fond conventionnel pour de meilleurs résultats, notamment pour les PR très actives.
Il existe d’autres classes de molécules biologiques : les modulateurs des lymphocytes-T, les anti-lymphocytes B et les récepteurs de l’ anti-IL6.

Plus d’informations sur les traitements de fond sur le site de l’ANDAR : http://www.polyarthrite-andar.org

Mon traitement de la PR : les effets secondaires

Pour tout médicament, la liste des effets secondaires potentiels et indésirables est longue. Vous n’espériez tout de même pas y échapper avec vos traitements symptomatiques (antidouleur) ou vos traitements de fond ? Sans focaliser sur ces effets rarement plaisants, il faut cependant les connaître afin de pouvoir les éviter mais surtout tirer la sonnette d’alarme si vous en détectez.
Parmi les importuns les plus fréquents, vous retrouverez :

  • les diarrhées, contre lesquelles vous ne pourrez pas faire grand-chose, si ce n’est boire de l’eau pour vous hydrater et si le régime asiatique à base de riz n’a pas d’effet et que les symptômes persistent, consultez votre médecin ;
  • la constipation : si un régime à base d’eau enrichie de magnésium, de légumes, fruits et autres fibres ne suffit pas et que le symptôme persiste, consultez votre médecin ;
  •  les réactions allergiques, qui peuvent se déclencher inopinément avec des médicaments déjà utilisés : en cas de manifestations cutanées (rougeurs, plaques ou petits boutons) ou de maux de tête, sensation d’étouffement, fièvre et autres manifestations inhabituelles, consultez votre médecin ;
  • les maux d’estomac : brûlure ou poids sur l’estomac sont à surveiller de près, surtout en cas de prise d’AINS ou de corticoïdes. Il existe des pansements gastriques qui agiront comme une tapisserie sur les parois de votre estomac et le protègeront ou des traitements qui diminueront l’acidité gastrique ;
  • une fragilité de la peau et une prise de poids, avec les corticoïdes surtout à de fortes doses ;
  • les nausées et vomissements peuvent être liées à certains traitements ;
  • les infections diverses et variées (bronchite, rhume) seront à surveiller si vous êtes sous traitement de type anti-TNFα. En cas de fièvre, consultez votre médecin traitant pour discuter de la nécessité de prendre un traitement antibiotique.

Ces effets secondaires sont donnés à titre d’exemple mais ne sont pas les seuls possibles. Ils dépendent du traitement que vous prenez et ne sont pas présents obligatoirement chez tous les patients.

Les gestes techniques pour redonner de la mobilité

Les gestes techniques comme l’infiltration de corticoïdes ont pour but de diminuer l’inflammation, et redonner une meilleure mobilité à vos articulations. Elle consiste en une injection de corticoïdes directement dans l’articulation et est indiquée en cas de douleurs articulaires intenses associées à des signes inflammatoires locaux.

Les interventions chirurgicales : remédier aux difficultés articulaires liées à la PR ou l’AJI

Si vos articulations sont particulièrement touchées ou trop douloureuses, vous pouvez envisager d’avoir recours à la chirurgie.
La synovectomie fonctionne selon le même principe de nettoyage de votre articulation que la synoviorthèse : le chirurgien retire la synoviale en injectant dans l’articulation une substance spécifique, permettant ainsi à votre articulation de retrouver ses possibilités de mouvement.
Les prothèses sont une autre solution : si vos articulations sont très abîmées, la prothèse viendra remplacer votre articulation soit totalement (prothèse totale) soit une partie seulement de l'articulation. Pour simplifier : votre articulation déformée sera remplacée par une articulation artificielle.
Enfin, l’arthrodèse fixe définitivement votre articulation dans une position fonctionnelle. Ne pouvant plus bouger, l’articulation est logiquement non douloureuse.
Il existe également des implants : de minuscules prothèses qui renforceront l’articulation sans la remplacer. Ils repositionnent votre doigt (car les implants sont faits pour les mains) sur son axe. Cependant, les implants de vos doigts devront être changés au bout de quelques années.

Avant de sauter sur le premier chirurgien venu, consultez votre équipe soignante : la chirurgie se décidera en fonction de votre âge, de vos activités et besoins, de l’état de vos articulations.
Dans certains cas, pour reposer votre articulation, une orthèse (attelle) sera réalisée par votre ergothérapeute ou votre kinésithérapeute. Il réalisera une orthèse en résine épousant parfaitement votre articulation et la maintenant en place pour la soulager.

FAQ

On m’a proposé une éducation thérapeutique : qu’est-ce donc ?
L’éducation thérapeutique est une étape importante pour améliorer votre prise en charge. L’éducation thérapeutique vous permettra de mieux comprendre ce qu’il vous arrive, de mieux connaître votre traitement et d’en parler avec des personnes comprenant votre douleur. Elle vous aidera à mieux communiquer avec votre entourage, à vous débrouiller au quotidien sans constamment faire appel à vos proches. Et, enfin, elle vous orientera sur les aides socio-professionnelles à votre disposition. Pour faire court : l’éducation thérapeutique vous aidera à prendre soin de vous.
Qui décide de ce qu’il est bon pour vous de savoir ? Vous-même, accompagné de votre rhumatologue. Vous établirez ainsi un parcours éducatif, qui vous amènera probablement à côtoyer d’autres personnes atteintes de PR et ainsi créer des liens qui pourront vous être utiles si vous vous sentez incompris de vos proches.

Puis-je décider moi-même quel traitement suivre en cas de douleur ?
Non ! Les traitements antidouleur possèdent des effets secondaires qu’il est important de connaître ; il faut impérativement que vous sachiez, par votre médecin ou votre rhumatologue, quels sont les traitements et les doses qui vous conviendront le mieux et répondront le mieux à votre douleur, sans vous mettre en danger.
Respectez les doses maximales prescrites pour éviter les impairs ! En revanche, une fois l’avis médical et la prescription reçue, si vous êtes en période de poussée, n’attendez pas que la douleur revienne pour prendre le traitement qui la soulagera.

Les cures thermales pourraient-elles avoir un effet bénéfique sur ma PR ?
La balnéothérapie et les enveloppements corporels, sans guérir votre PR ou AJI, peuvent lui faire du bien : les cures thermales réduisent le stress ; associés à une rééducation, les bains bouillonnants pourront être un complément à votre traitement et à votre rééducation. Le rythme ralenti des centres de thalassothérapie vous détendra et vous offrira une rupture plutôt agréable avec votre quotidien. Toutefois, la cure thermale n’est à envisager que si vous n’êtes pas en période de poussée inflammatoire, car elle agit sur les muscles, qu’il faut laisser au repos en cas de poussée.
Par ailleurs, si vous obtenez une entente préalable avec votre régime de sécurité sociale, plus de la moitié des frais liés aux soins thermaux (en France) seront pris en charge (voire la totalité si vous bénéficiez d’un 100 % pour votre PR ou AJI).

J’ai lu que les corticoïdes favorisent la prise de poids, comment y remédier ? Dois-je les arrêter ?
Les corticoïdes peuvent agir sur l’appétit et accroitre les petites faims. Il est vrai que la prise de poids (importante) est à éviter en cas de PR ou d’AJI car elle fragilise les articulations. Mais il ne faut jamais interrompre brutalement un traitement corticoïde. Pour limiter les prises de poids, adoptez un régime alimentaire équilibré ainsi qu’une activité physique. Le régime crétois semble particulièrement indiqué dans le cas de corticoïdes : du poisson régulièrement ; de l’huile d’olive ; des fruits et des légumes à foison, des produits laitiers et de la viande en quantité très réduite. Si vous sentez que vous prenez trop de poids, consultez votre médecin pour envisager éventuellement un autre traitement pour votre polyarthrite ou votre arthrite juvénile.

Qu’en est-il de mes défenses immunitaires déjà « patraques » si je suis sous traitement ?
Le propre des traitements de fond de la PR ou de l’arthrite juvénile idiopathique, des biothérapies et des corticoïdes est de diminuer les défenses immunitaires pour amener l’organisme à tolérer vos articulations : votre organisme va donc cesser de s’en prendre à vos articulations mais il sera également moins efficace contre les agressions extérieures.
Pour y remédier, il vous faudra être plus attentif à des signes d’infection, et surtout ne pas hésiter à vous rendre chez votre médecin en cas de fièvre.

En savoir plus

[1] Assistance Publique des Hôpitaux de Paris : La PR en 100 questions. Quels sont les médicaments antalgiques utilisés dans la polyarthrite rhumatoïde ? Disponible à http://www.rhumatismes.net [consulté le 15 avril 2015]

[2] Assistance Publique et Hôpitaux de Paris : la PR en 100 questions. Quels médicaments anti-inflammatoires (en dehors de la cortisone) sont utilisés dans la polyarthrite rhumatoïde ? Disponible à http://www.rhumatismes.net [consulté le 15 avril 2015]